Impôts : Guide d’optimisation fiscale
Le sujet de l’argent est relativement vaste. Une des premières étapes conseillées quand on débute est d’apprendre à le gérer, mais il est aussi super important d’apprendre à le protéger des prédateurs. Les impôts et leurs collecteurs en font partie.
Et pardon à la Confédération, à l’Etat du Valais et à ma commune, mais oui à mes yeux vous êtes des prédateurs 😉
Dans le thème de la protection de votre argent donc, nous sommes obligé de parler de fiscalité.
Je vous l’accorde, c’est pas un des sujets les plus sexy 🙂 Mais c’est quand même un sujet qui peut vous faire gagner de l’argent.
Même si vous vous pensez au point, vous pourrez peut-être trouver quelques petites astuces pour bien optimiser sa fiscalité en Suisse.
Obligatoires
Les impôts sont obligatoires, on ne peut pas y couper. Quiconque ne les paie pas s’expose à de graves problèmes avec l’Etat. Mais les impôts ont leur importance : financer les routes, les hôpitaux, écoles, service publics, armée (… ouais bon voilà hein), etc, etc. Sans impôts on n’aurait pas la même niveau de vie.
Mais pourquoi ne pas tenter de bien optimiser sa fiscalité en Suisse, afin d’en payer le moins possible ? Car on est d’accord, on doit les payer. Mais savez-vous qu’on peut économiser sur ce qu’on doit payer ?
De grands noms mondiaux le font déjà en toute légalité : Trump avec ses sociétés au Delaware, Google, Amazon, Facebook, Apple (ceux qu’on appelle les GAFA), mais également toutes les sociétés suisses basées dans les paradis fiscaux tel que Zoug.
Nous pouvons aussi ! La Suisse nous offre des possibilités d’optimisation fiscale.
Voyons comment ici, j’espère que vous trouverez des bonnes chose à prendre dans cet article.
Prêt? On y va !
Si vous avez décidé, comme moi, d’investir dans l’immobilier, savez-vous que vous risquez de faire augmenter votre taux marginal d’imposition (TMI), et que, de ce fait, tous vos revenus seront plus taxés ?
En effet, le taux est progressif selon les revenus, donc plus on gagne, et plus on est taxé.
Un exemple tout simple : Vous gagnez 60’000 chf de salaire par année, disons que votre TMI se situe à 15% (à vérifier selon votre domicile), donc vous payerez 60’000 * 15% = 9’000 chf d’impôts.
Si vous vous décidez à investir, que ce soit dans l’immobilier, ou en bourse dans le but de percevoir des dividendes, les revenus générés seront additionnés à votre revenu de travail (salaire).
Donc toujours avec la même hypothèse, vous gagnez 60’000 chf par année, auxquels vous ajoutez 12’000 chf (1’000 chf par mois net, c’est juste pour le calcul), vous aurez un revenu de 72’000 chf par année.
Comme votre TMI augmente du fait de votre augmentation de revenu, vous ne serez plus taxé à 15%, mais plutôt à 16% (encore une fois, à vérifier selon votre commune de domicile).
Donc vous payerez 72’000 * 16% = 11’520 chf d’impôts, soit 2’520 chf en plus !
Quelques mesures d’optimisation fiscale
Ici je parle d’impôts pour les personnes physiques, c’est là qu’on a le moins de possibilités d’optimisation fiscale…
Mais la Suisse nous en permet quand même quelques-unes, voyons ça (liste non exhaustive) :
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Réduire son TMI avec les intérêts d’une dette
Si votre investissement a été fait via une dette hypothécaire (donc investissement immobilier), les intérêts de cette dette sont déductibles.
Plus les intérêts payés seront élevés, moins votre revenu imposable sera important, de facto le montant de vos impôts. Une fiduciaire pourra vous faire une simulation pour avoir des chiffres plus précis en fonction de vos données personnelles.
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Cotiser au 2ème et 3ème pilier
Je n’affectionne pas particulièrement ces piliers car je trouve qu’ils ne rémunèrent pas assez (1-2%) et je préfère placer mon argent sur des véhicules d’investissement qui offrent de meilleurs rendements.
Mais les abattements fiscaux qu’ils offrent sont malgré tout impressionnants. C’est une mesure d’optimisation fiscale à ne surtout pas négliger.
Par exemple, si vous cotisez le maximum sur votre 3ème pilier (6’826 chf en 2020 par personne), vous économiserez dans les 2’500 chf d’impôt sur l’année*, ce qui est fort appréciable.
Lorsque vous retirerez votre 3ème pilier dans 5 ans, vous ne serez pas imposé au taux que vous auriez dû quand vous avez cotisé (donc 15-16%, le taux de votre salaire), mais à un taux plus faible d’environ 6%*.
C’est donc une bonne affaire, d’autant plus si vous regardez la tactique du 3ème pilier ci-dessous.
Le même principe est le même avec le 2ème pilier, mais c’est plus compliqué à le retirer car les conditions sont strictes. Commencez donc avec le 3ème pilier en premier lieu.
*Ce montant et ce taux dépendent toujours de plusieurs facteurs, tels que votre lieu de domicile, votre état civil, les enfants que vous avez à charge, votre religion (demandez-moi pas pourquoi 🙂 ) ou vos revenus. Difficile d’articuler des chiffres exacts mais un calculateur en ligne très pratique et gratuit est disponible ici :
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Diminuer son revenu actif à chaque augmentation de revenu passif
Ceci permet de rester dans la même tranche d’imposition et d’éviter de se retrouver dans la situation que je décrivais plus haut, où tous vos revenus (immobilier, salaire, dividendes, etc.) sont taxés à un taux plus élevé.
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Faire des rénovations de sa résidence principale ou secondaire
Les frais engagés dans une rénovation sont déductibles de son revenu dans sa déclaration d’impôts. C’est clair que ça vous demandera de sortir de l’argent de votre poche, mais au moins vous pourrez en profiter : Réfection d’une cuisine, rénovation d’une salle de bains, etc.
C’est également un bon moyen de maintenir la valeur de votre bien immobilier.
Attention à une chose cependant, je parle bien de maintenir la valeur, et pas de l’augmenter. Une augmentation de valeur serait l’installation d’une véranda ou d’une piscine. Celles-ci seront considérées comme des impenses, déductibles du prix au moment de la vente de votre bien, et non pas au moment de votre déclaration fiscale annuelle.
Dans cette même catégorie, on peut également déduire tous les frais d’entretien d’immeuble, prime d’assurance ou frais de gestion. En gros, lorsqu’on est propriétaire en copropriété (PPE), on peut déduire tout le montant payé comme charge de PPE (sauf fond de rénovation). Même les frais de ramonage sont déductibles.
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Primes d’assurances
Les primes d’assurance maladie, tout comme les frais d’assurance accidents, assurance sur la vie ou assurance retraite sont déductibles d’impôts. Votre compagnie d’assurance peut vous fournir une attestation fiscale à joindre à votre déclaration d’impôts. Demandez-leur, c’est leur job après tout 🙂
Des plafonds sont cependant prévus : Pour l’impôt fédéral direct, il est fixé par exemple à 1’700 chf pour les primes d’assurances, ou 3’500 chf pour les personnes mariées et les partenaires enregistrés.
N’oubliez donc pas de garder toutes vos factures de pharmacie ou de visites chez le dentiste ou votre médecin, même si votre franchise n’est pas atteinte !
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Frais de garde des enfants
Les coûts de garde d’enfants par une crèche ou une maman de jour sont aussi déductibles (si justifié), jusqu’à un certain plafond.
Celui-ci se monte à 10’100 chf par an et par enfant pour l’impôt fédéral direct.
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Déduction forfaitaire
Le contribuable a droit à une déduction sociale pour les enfants et les personnes à charge. Cette déduction dépend de votre canton de domicile, par exemple en Valais elle est de 3’000 chf, pour le canton de Vaud elle est de 7’100 chf.
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Les dépenses professionnelles
Sans justificatif, les employés peuvent déduire un montant forfaitaire équivalent à 3% de leur salaire. Pas besoin de les justifier mais ces dépenses comptent pour l’achat de vêtements, frais de représentation, etc.
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Frais de repas et de déplacement
Quand on est salarié, et pour autant qu’ils ne soient pas pris en charge par l’employeur (si il nous met à disposition un véhicule ou une cafétéria gratuite), les frais de transport entre le domicile et le lieu de travail, les frais de repas ou de séjour hors domicile.
Pour avoir un ordre d’idée, les déductions du canton de Vaud pour les déplacements en voiture sont de chf 0.70/km, jusqu’à 15’000 km, chf. 0.35/km, dès 15’001 km. Limité à 3’000 chf au maximum.
Les frais de repas sont déductibles au maximum à hauteur de 3’200 chf par année.
Un dernier tuyau pour les temps partiel
Si vous, ou votre conjoint(e) êtes à temps partiel, celui-ci peut tout à fait être réparti sur 5 jours et pas sur 3 ou 4… On pourrait tout à fait concevoir que vous bossez tous les matins + quelques après-midi par semaine.
Donc il est tout à fait possible de déduire plus de frais de déplacement et de repas hors domicile sur 5 jours. Une petite optimisation fiscale non négligeable 😉
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Payer ses impôts à l’avance, ou plus que prévu
Je vous vois grimper au rideau en lisant ça 🙂 Et oui, on peut payer plus que prévu.
C’est même intéressant car le surplus payé vous sera remboursé, et même agrémenté d’un intérêt (de 3.5% en Valais, mieux qu’un compte bancaire).
Une bonne utilisation
Grâce à une utilisation judicieuse et combinée de toutes ces mesures d’optimisation fiscale, j’ai économisé sur les impôts de 2018 (taxation reçue en avril 2020), plus de 8’000 chf d’impôts.
Voici comment : Au début de ma carrière il y a une quinzaine d’année, j’ai calculé que les impôts représentaient environ 15 ou 16% de mon salaire mensuel.
Je n’avais pas envie d’être pris de court par ces impôts, car je savais qu’ils étaient obligatoires et je ne voulais pas avoir de soucis avec le fisc. Je voulais surtout avoir un filet de sécurité.
J’ai donc décidé de me créer un compte épargne sur lequel je transfère automatiquement via un ordre permanent un montant représentant 16% de mon revenu.
De cette manière, dès que je reçois des impôts à payer, j’ai les fonds disponibles, qui représentent souvent plus que ce que je dois réellement payer.
Pourquoi plus que ce que je dois ?
C’est simple : Le taux de 16% est le taux qui serait appliqué sans déductions. Mais grâce à toutes les astuces ci-dessus, le taux réel appliqué se situe autour de 9%, l’économie est donc très importante.
Voyez par vous-même : Avec un revenu de couple de 120’000 chf, imposé à 16%, vous devrez payer 19’200 chf d’impôts.
Mais si ce revenu est imposé à 9%, le montant d’impôt n’est plus que de 10’800 chf.
Enorme non, 8’400 chf de différence ? 🙂
Et c’est de l’argent gagné pour moi : J’avais prévu de le dépenser en impôts, il était bloqué sur un compte épargne, mais j’ai pu le récupérer et l’utiliser comme je l’entendais.
C’est même doublement gagnant : Lorsque je paie plus que ce je dois, l’argent m’est restitué avec un intérêt de 3.5%. Un petit bonus de près de 300 chf, c’est intéressant si on part du principe que cet argent aurait dû être perdu dans les comptes du fisc !
La tactique du 3ème pilier
Voici une bonne optimisation fiscale à mettre en oeuvre tout de suite entre son 3ème pilier et l’amortissement indirecte de sa résidence principale. Elle demande un peu de temps mais en vaut vraiment le coup, je vous la dévoile ici.
Comme je le disais dans les possibilités offertes par la Suisse pour réduire ses impôts et optimiser sa fiscalité, nous pouvons utiliser la dette hypothécaire et la cotisation au 3ème pilier.
Comment ça marche ?
En fait c’est simple : Chaque année vous cotisez le maximum autorisé à votre 3ème pilier. En 2020 c’est 6’826 chf.
Ainsi, vous profitez d’un “rabais” d’impôts de 2’500 chf par personne. 5’000 chf si vous êtes un couple.
Vous n’avez pas le droit de retirer votre 3ème pilier avant 5 ans, donc pendant 5 ans vous cotisez tranquillement (5 * 6826) 34’130 chf, et économiserez en parallèle 5 * 2’500 = 12’500 chf d’impôts. Tous ces montants sont par personne du couple, donc pour 2 personnes vous multipliez par 2 tout simplement 🙂
Au bout de 5 ans, vous retirez tout votre 3ème pilier. Sur ce retrait seront déduits 6% d’impôts, donc 34’130 * 6% = 2’047 chf.
Rappelez-vous, vous avez économisé 12’500 chf d’impôts, et n’en payez que 2’047, vous gagnez donc passé 10’000 chf que le fisc n’aura pas, c’est déjà une bonne affaire et une belle optimisation fiscale !
A noter que ce taux peut varier selon plusieurs facteurs : Votre commune ou canton de domicile (chaque canton a ses règles), votre état civil et le montant du capital retiré.
Attention, ce taux est progressif : Plus le montant du capital est important, et plus ce taux augmente.
Astuce dans l’astuce : Si vous avez beaucoup d’argent, il est intelligent de placer cet argent sur plusieurs comptes 3a différents. Au final c’est mieux d’avoir 10 comptes remplis à 10%, qu’un seul compte rempli à 100%, car vous serez imposé sur le même montant mais à un taux moins élevé lors du retrait.
Il vous restera ensuite la somme de 34’130 – 2’047 = 32’083 chf, que vous pourrez (devrez) utiliser pour amortir votre résidence principale. Ceci vous permettra ainsi de payer moins d’intérêts sur votre dette : encore une bonne optimisation fiscale et patrimoniale.
Souvenez-vous que les intérêts payés sur une dette, c’est de l’argent perdu, vous ne le reverrez plus jamais. Au contraire d’un amortissement, qui vous appartient.
Astuce d’optimisation fiscale offerte par lalibertefinanciere.ch, vous me remercierez plus tard 🙂
A ce propos, j’ai détaillé ici pourquoi j’ai choisi finpension 3a pour mon 3ème pilier, allez voir ça, ça pourrait vous intéresser !
Conclusion
Prenez le temps de faire votre déclaration d’impôts, ou faites-vous aider pour la faire correctement. Vous profiterez ainsi de toutes les déductions auxquelles vous avez droit.
Trop peu de gens la font bien et bâclent le travail. Ne faites pas cette erreur. C’est ce travail qui peut vous permettre de vous offrir de belles vacances ou d’investir intelligemment votre argent.
Plusieurs possibilités s’offrent à vous : Soit vous vous remontez les manches et passez 10 heures à tout faire en ordre, sans avoir la certitude de ne rien oublier; soit vous mandatez un spécialiste et vous le payez pour ça.
A mon avis, ça vaut la peine de payer de 200 à 400 chf à un spécialiste qui fera votre déclaration d’impôts. Surtout si il peut vous en faire économiser 5 ou 6’000 chf, voire plus.
C’est une dépense qui entre dans la catégorie des bonnes dépenses – bien mieux que votre abonnement mensuel à netflix 🙂 – car elle vous permettra de gagner de l’argent, pensez-y 😉
Et maintenant j’ai 2 questions pour vous, vous pouvez y répondre dans les commentaires ci-dessous :
- Avez-vous appris quelque chose que vous ne connaissiez pas déjà en terme d’optimisation fiscale ?
- Est-ce que vous voyez quelque chose que j’aurais oublié ?

Hey, mais qui a écrit ce torchon ?
Moi c’est Seb. C’est moi qui suis derrière ce blog. Un type normal, devenu passionné par les finances personnelles il y a quelques années et qui a décidé de partager ses trouvailles et sa motivation au plus grand nombre au travers d’un blog.
J’écris comme je parle, sur un ton décalé et familier, et parfois moqueur. J’adore ça 🙂 Pour des infos plus détaillées sur moi, tu peux voir ma présentation complète dans cet article.
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